Est-il possible d’élaborer une stratégie à la roulette ?

Peut-on raisonnablement parler de stratégie lorsque l'on se réfère à un jeu qui est mathématiquement en faveur du casino ?

A la roulette, l'avantage du casino n'est pas énorme car il se situe aux alentours de 2,72 % (1/37) par coup sur les numéros et de 1,36 % (1/74) sur les chances simples à cause du gel des mises lors de la sortie du zéro. Néanmoins, cet avantage permet aux casinos de vivre depuis toujours.

Il existe de nombreuses martingales mais aucune ne gagne (cela se saurait). La principale raison réside dans l'existence du zéro ainsi que dans le plafonnement des mises. Cependant, un certain nombre de joueurs ont gagné grâce à des imperfections physiques de l'environnement du jeu. En voici quelques exemples ci-dessous.


L'équilibrage des roulettes

Au début de l'exploitation des roulettes, la mécanique de ces dernières  pas parfaite et certains secteurs du cylindre accueillaient plus volontiers la bille au grand bonheur des parieurs attentifs. Certains allaient même jusqu'à noter tous les numéros pendant des jours avant de se mettre à jouer "à coup sûr". Bien entendu, les casinos réagirent en intervertissant l'emplacement des roulettes pendant la nuit ou en rééquilibrant les roulettes chaque semaine avec des niveaux. Le phénomène fut particulièrement visible à Paris dans les roulettes clandestines et dans les cercles officiels de jeu de multicolore situés sur l'axe des lignes de métro. Le passage du train souterrain occasionnait des vibrations et faisait glisser le support de jeu de quelques centimètres sur des planchers parfois inégaux. Toutes les demi-heures, l'appareil était recalé. Certains parieurs attendaient la 25e minute pour miser sur le secteur en pente et encaisser presque à coup sûr.


La double signature

Il s'agit de la signature de la roulette et du croupier. Une théorie veut qu'une roulette, aussi équilibrée soit-elle, ait une signature, c'est-à-dire une faille, un repère fixe comme la chaîne d'ADN chez l'homme. Les joueurs s'efforcent de repérer les signatures d'une roulette et jouent en conséquence.

De la même manière, les croupiers ont eux aussi une signature, c'est-à-dire une manière bien particulière de lancer la bille. En croisant ces paramètres, certains "virtuoses" de la roulette arrivent à déterminer une double signature qui les guide dans leurs paris.

Voici maintenant quelques exemples de martingales qui peuvent vous donner quelques idées :


La montante arithmétique de d'Alembert

On mise une unité au départ. Si on perd, on mise deux unités. À chaque coup de perte, on ajoute une unité. Puis, à chaque coup de gain, on retranche une unité pour la prochaine mise. Il s'agit donc d'une montante en cas de perte.


La montante géométrique de d'Alembert

Cette montante est appelée également montante Piquemouche : On mise un jeton sur une chance simple (pair par exemple). Si on perd, au coup d'après, on misera 2 jetons. En cas de perte, on double à chaque fois la mise : 4, 8, 16, 32, 64…

Si impair est sorti 7 fois de suite - autrement dit, si vous avez perdu 7 coups de suite (1+2+4+8+16+32+64 = 127) -, au 8e coup vous en êtes réduit à mettre 128 jetons sur le tapis. En cas de gain, vous épongez votre perte des 127 jetons précédents et vous ressortez glorieusement victorieux d'un jeton ! Intéressant ! Vous avez risqué 128 pour gagner 1. En cas de perte, on n'en parle même pas. Vous êtes à moins 255 jetons (127 + 128) ! De plus, comme les mises sont plafonnées, il n'est pas sûr que vous auriez encore pu doubler votre mise pour récupérer ce jeton perdu.


Les séries

C'est pour lutter contre les suites de numéros d'une même nature (suite de pairs, de noirs, de passe...) que les joueurs se servent du tableau des séries décroissantes.

On parle de séries lorsque l'on constate une caractéristique commune aux derniers numéros sortis : ils sont tous rouges, tous pairs, tous petits...

Ces séries sont l'âme damnée des joueurs qui tentent avec un constant insuccès d'en tirer des conclusions. De tout temps, le propre de l'homme a été de tirer des leçons des évènements passés pour prédire l'avenir. Et là, il y a un os. À la roulette, cela ne marche pas ! Comme l'homme est buté, il s'obstine.

Tableau des séries décroissantes :

NOMBRE

LONGUEUR

1

10

2

9

4

8

8

7

16

6

32

5

64

4

128

3

256

2

512

1

 

Sur un ensemble théorique de 2.036 lancers, on a obtenu 1.023 séries que l'on a décomposées de la manière suivante. On a observé une série de 10 numéros d'une même couleur (rouge ou noir), deux de 9, quatre de 8, huit de 7..., deux cent cinquante-six séries de 2 numéros et cinq cent douze numéros isolés.

Forts de ce constat, des joueurs n'attaquent une série que lorsque la couleur est déjà sortie plusieurs fois. Si, par exemple, le rouge est sorti quatre fois de suite, ils vont jouer sur le noir, pariant ainsi sur l'arrêt de la sortie du rouge.

Tout ceci n'est pas plus bête qu'autre chose... mais la roulette n'a aucune mémoire. La roulette ne se souvient pas que tel ou tel numéro est déjà sorti. Le fait que rouge soit sorti 8 fois de suite n'influe absolument pas sur le jet suivant. Rouge à toujours la même chance de sortir. Ceci n'est qu'apparemment paradoxal avec le tableau des séries décroissantes. Les joueurs, dans leur calcul, ont une fâcheuse tendance à mélanger les probabilités "a priori" avec les probabilités "a posteriori".

Exemple :

Quelle est la probabilité que le "Rouge" sorte 10 coups de suite ?

Réponse : (18/37)10 soit moins d'une chance sur 100.000.

Quelle est la probabilité, sachant que le rouge est sorti 9 coups de suite, qu'il sorte une dixième fois ?

Réponse : 18 chances sur 37 soit un peu moins d'une chance sur deux.

Ces deux questions traitent des mêmes événements. Pourtant, le calcul des probabilités montre qu'ils n'ont rien à voir l'un avec l'autre.


Le Labouchère

Le Labouchère est un système de paris particulièrement adapté aux chances simples. Le principe, après s'être fixé un capital de départ, est d'augmenter sa mise après chaque gain et de la garder au mieux constante après chaque perte.

On part avec un capital de 28 jetons. Sur une feuille de papier, on répartit les jetons de la manière suivante : 1 2 3 4 5 6 7

On va jouer la somme des chiffres extrêmes de la liste (7+ 1 = 8). En cas de gain, on ajoute à la liste le montant gagné et on parie à nouveau la somme des extrêmes : 1 2 3 4 5 6 7 8

Si le premier coup a été gagnant, la mise au second coup sera de 9 (8 + 1).

Cependant, en cas de perte, on raye les deux chiffres extrêmes et on parie à nouveau la somme des deux nouvelles extrémités.

Exemple : on a gagné le premier coup (mise : 7+1) et perdu le second coup (mise : 8+1). Au troisième coup, on misera les nouvelles extrémités (mise : 7 + 2) : 1 2 3 4 5 6 7 8

C'est une méthode de jeu inflationniste si on ne se décide pas, après un certain nombre de coups gagnants, à repartir de zéro. L'avantage de cette martingale est qu'elle vous empêche de perdre beaucoup à la fois. Ce système, comme tout système, est contraignant. Pour s'amuser, les joueurs le pratiquent en misant sur plusieurs chances simples à la fois.


Le Labouchère inversé

Il suit les mêmes principes que le Labouchère normal sauf que l'on ajoute les pertes et que l'on barre les gains. Cette méthode ne vous permet pas de vous arrêter en cas de suite néfaste et perdre gros est possible. Cette méthode limite le gain à la somme des chiffres initiaux de la liste, mais pas les pertes.


La théorie des secteurs

Un certain nombre de joueurs pensent que la bille a tendance à retomber dans le même secteur du cylindre plusieurs fois de suite. Pour des raisons inexplicables, cela arrive assez souvent. Dans ce cas, il est utile de repérer les numéros immédiatement à droite et à gauche du numéro sorti pour couvrir la zone au lancer suivant (voir tableau des voisins).


Tableau des voisins

12

35

3

26

0

32

15

19

4

5

24

16

33

1

20

14

31

9

15

19

4

21

2

25

17

34

6

7

28

12

35

3

26

0

32

15

0

32

15

19

4

21

2

25

17

30

8

23

10

5

24

16

33

1

2

25

17

34

6

27

13

36

11

9

22

18

29

7

28

l2

35

3

13

36

11

30

8

23

10

5

24

1

20

14

31

9

22

18

29

7

II

30

8

23

10

5

24

16

33

6

27

13

36

11

30

8

23

10

18

29

7

28

12

35

3

26

0

17

34

6

27

13

36

11

30

8

16

33

1

20

14

31

9

22

18

3

26

0

32

15

19

4

21

2

23

10

5

24

16

33

I

20

14

4

21

2

25

17

34

6

27

13

14

31

9

22

18

29

7

28

12

26

0

32

15

19

4

21

2

25

24

16

33

1

20

14

31

9

22

32

15

19

4

21

2

25

17

34

20

14

31

9

22

18

29

7

28

36

11

30

8

23

10

5

24

16

8

23

10

5

24

16

33

1

20

19

4

21

2

25

17

34

6

27

28

12

35

3

26

0

32

15

19

25

17

34

6

27

13

36

11

30

22

18

29

7

28

12

35

3

26

31

9

22

18

29

7

28

12

35

27

13

36

11

30

8

23

10

5

33

1

20

14

31

9

22

18

29

35

3

26

0

32

15

19

4

21

10

5

24

16

33

1

20

14

31

21

2

25

17

34

6

27

13

36

29

7

28

12

35

3

26

0

32

34

6

27

13

36

11

30

8

23

 

On pourrait presque multiplier à l'infini les exemples de systèmes. Néanmoins, il faut garder en tête deux règles :

- Jouer avec l'argent du casino est plus confortable que jouer avec le sien.
- Lorsque vous gagnez, continuez à jouer. Si, pour une raison inconnue, vous avez le vent en poupe, profitez-en, - si vous perdez, arrêtez. Ne cherchez pas à vous refaire ! Demain sera un jour meilleur.

Néanmoins, mises à part les martingales, il y a deux notions qu'il faut connaître :

- La fausse loi du retour à l'équilibre.
- La loi du tiers.


La fausse loi du retour à l'équilibre

La loi du retour à l'équilibre veut que, sur un grand nombre de lancers, le rouge sorte autant de fois que le noir, les numéros pairs autant que les impairs... Il est vrai que, si on lance 1.000.000 fois la bille, un écart de 0,5 % (495.000 fois d'un côté et 505.000 fois de l'autre) est parfaitement admissible. Ce résultat est conforme à la loi des grands nombres telle que l'a formulée Bernouilli. On n'aura jamais 900.000 rouges et 100.000 noirs ! Mais, voici ce que l'on pourrait obtenir :

Exemple sur 20 sorties :

Noir est sorti 20 fois en 38 coups. L'écart théorique est de 1 (19 - 20). En pourcentage, cet écart est de 1/20 soit 5 %. Noir est en avance.

Exemple sur 500.000 sorties :

Noir est sorti 500.000 fois en 950.000 coups.

L'écart est de : nombre de sorties théoriques - nombre de sorties réelles = 475.000 - 500.000 = - 25.000

Rouge a donc 25.000 coups de retard sur noir. En pourcentage, cela fait 25.000 / 1.000.000 = 2,5 %. À l'échelle de l'homme, c'est-à-dire au cours d'une soirée, d'une semaine ou même d'une année, il pourrait donc se produire de longues séries pour rattraper ce retard. Il n'y a donc rien de significatif à l'échelle de 100 coups car on pourrait très bien voir sortir 80 rouges et 20 noirs ! Mais le seul concept de rattrapage de retard implique que l'on attribue à la roulette une mémoire.

Plus on multiplie le nombre de coups, plus on s'éloigne, d'un côté ou de l'autre, de l'axe de la moyenne. Plus on multiplie les lancers, plus le pourcentage (nombre de noirs sortis / nombre de coups joués) tend vers 1/2.

Mais, en valeur réelle, on s'éloigne de plus en plus de l'axe du retour à l'équilibre.

Une théorie du même style a été élaborée sur le jeu de pile ou face au début du siècle par le biologiste français Felix Le Dantec.


La loi du tiers

Il s'agit d'une des lois fondamentales appliquées par les grands parieurs. Elle consiste à prendre une série de tirages (par exemple 36) et de constater que, dans cette série de 36 tirages, seuls sont sortis 24 numéros et 12 sont restés non appelés. Traduit autrement, si seulement 24 numéros sont sortis en 36 tirages, certains d'entre eux sont sortis deux fois, voire plus.

La conclusion de cette constatation tend à prouver qu'en jouant les numéros qui viennent de sortir pendant un cycle de la roulette (36 coups), on a de fortes chances de les voir sortir plusieurs fois.

Bien entendu, cela reste très théorique car il arrive qu'il y ait des séries avec très peu de répétition. Cette méthode a l'inconvénient de vous faire miser de plus en plus gros au fur et à mesure que vous vous approchez du 36' coup.

Néanmoins, certaines études portant sur une extension de la loi du tiers sont basées sur la conception d'un mouvement perpétuel du cycle (chaque série de 36 coups constitue un cycle, chaque cycle démarre où l'on veut). En prenant comme hypothèse que les cycles sont superposables, on obtient des résultats surprenants.


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